La magie des questions ouvertes

Je n’ai jamais eu de mal à prendre la parole devant un groupe. À l’école, les présentations orales étaient ce que j’aimais le plus. J’ai fait du théâtre pendant 12 ans. Ça me vient naturellement d’être facilitatrice. Je me sens sur mon X quand j’anime un atelier ou que je guide une discussion.

Dans une relation de coaching aussi, je me sens à l’aise. Mon rôle est bien défini. Je suis là pour poser des questions et pour écouter davantage que pour parler. Je trouve ça extrêmement riche et gratifiant.

Alors ça va peut-être vous surprendre d’apprendre que je fais de l’anxiété sociale.

Entrer en contact avec de nouvelles personnes, ça me stresse. La peur d’être jugée par l’autre est souvent telle que j’en suis paralysée. Dans les grands groupes, si je n’ai pas de rôle précis à jouer, j’ai l’habitude de me tenir à l’écart. J’aime mieux m’effacer que de risquer une conversation awkward.

Reconstitution dramatique de moi qui essaie d’entamer une discussion avec une nouvelle personne :

– Hey salut, moi c’est Marie. Comment ça va?
– Pas pire, toi?
– Pas pire aussi. Je suis un peu fatiguée ces jours-ci…
– Oui, le temps gris, ça aide pas…
– Viens-tu souvent à ce genre de soirée?
– Oui, de temps en temps.
– Cool. Moi, c’est ma première fois.
– Ok.
– …
– …

30 secondes de banalités suivies d’un silence gênant. Pas fort.

J’ai longtemps pensé que j’avais un défaut de fabrication. Que j’étais chroniquement incapable d’entrer en dialogue avec de nouvelles personnes, sauf dans de rares cas où – coup chance imprévisible – l’autre semblait s’intéresser à moi et vouloir mieux me connaître.

Quand je me suis lancée en affaires l’an dernier, j’avais encore cette croyance à mon sujet. Que j’avais du mal à entrer en relation informelle avec les autres. Je me cachais derrière des excuses comme « j’haïs le small-talk » ou « je suis introvertie » pour maintenir mon modus operandi.

M’isoler, me tenir loin, rester observatrice.

Mais au fond moi, je savais que je devais me challenger. En tant qu’entrepreneuse, j’allais tôt ou tard devoir participer à des événements de réseautage, proposer des cafés à des inconnu‧es, nouer des contacts avec de nouveaux clients. Pour me donner toutes les chances de réussir, je devais cultiver ma sociabilité.

C’est donc avec beaucoup de courage et de détermination que j’ai décidé de passer par-dessus ma peur. J’ai fait l’effort de me pratiquer, dans différents contextes.

Plusieurs fois, j’ai tenté de démontrer à la personne en face de moi que je m’intéressais à elle – en souriant, en posant des questions, en évitant de trop parler de moi.

Résultats moyens.

Mais voilà, j’ai récemment suivi une formation extraordinaire avec Mischief Makers [LIEN] pour parfaire mes habiletés de facilitatrice. Et dans l’une des premières séances, on nous a rappelé un principe de base quand on veut délier les langues ou pousser une discussion plus loin : poser des questions ouvertes.

Ah, les fameuses questions ouvertes. Celles qui se répondent par autre chose que par oui ou par non. Celles qui invitent les gens à élaborer. À répondre par des phrases complètes plutôt qu’en quelques mots.

J’ai eu un flash : voilà pourquoi mes tentatives d’entrer en dialogue avec les autres tombaient à plat! Je me limitais aux questions fermées! « Ça va? Viens-tu souvent à ce genre de soirée? » Après deux, trois réponses laconiques, je me mettais à nerveusement parler de moi.

Méchante connexion!

Alors j’ai revu mon approche. Prochaine fois où je me suis trouvée dans un groupe où je ne connaissais personne, je suis allée me présenter à quelqu’un. Puis, j’ai fait l’effort de poser une question ouverte. « Comment as-tu entendu parler de cet événement? » Et là, miracle : la personne s’est mise à me raconter comment son ami lui en avait parlé et qu’elle était pas sûre de venir, mais qu’au final, elle avait envie de rencontrer du nouveau monde, donc elle était venue.

Après avoir écouté sa réponse, j’ai enchaîné avec une autre question ouverte : « Qu’est-ce que tu penses de l’atmosphère? » Elle m’a dit qu’elle trouvait ça bien, qu’elle trouvait les gens sympathiques et accueillants, que ça lui faisait du bien.

Mine de rien, on était en train d’avoir une conversation. Mine de rien, on était en train de créer du lien. La personne était en train de se dégêner, et moi aussi.

Je n’avais pas besoin d’être intéressante. J’avais juste besoin de m’intéresser à l’autre. En posant des questions qui vont juste un peu plus loin. Des questions qui commencent par « Comment » et « Pourquoi ».

Les questions ouvertes amènent les personnes à s’ouvrir. Et en plus! c’est beaucoup moins d’efforts pour la personne qui les pose. Pas besoin d’avoir une longue liste de questions en tête. On en pose juste une, mais une bonne. Après, ça se fait tout seul. Essayez-le, vous verrez!

J’avais beau comprendre le principe des questions ouvertes, il a fallu que j’en fasse l’expérience dans ma propre vie pour me rendre compte qu’elles sont une condition essentielle pour nourrir la connexion et avoir des échanges authentiques et stimulants. Merci Mischief Makers pour le rappel!

Si vous décider de tester pour vous-même la méthode des questions ouvertes, écrivez-moi [LIEN] pour me partager vos résultats!